toinette
Je ne vais pas considérer le rôle de la servante sous la rubrique plus générale de "personnages au service d'autres personnages" comme l'a fait Jean Emelina dans son étude (4).1 Cette analyse n'aura pas l'envergure du travail d'Emelina et j'ai préféré éviter la confusion que des comparaisons entre nourrices et femmes de chambre, servantes et confidentes, etc., ne manqueraient pas de susciter. Or, en cherchant dans le théâtre de Molière des liens de parenté dramatique avec Toinette, Dorine s'établit incontestablement comme le modèle parfait de soeur.
Je devrai pourtant, pour les comparer, revenir sur les distinctions que je viens à peine de proposer au risque de me contredire: car ici la distinction de servante et de suivante représente un obstacle franchissable lorsque l'on considère l'interprétation des responsabilités fonctionnelles de l'une et de l'autre. En tant que suivante, Dorine est attachée à la personne de Marianne; son affection pour celle-ci est réelle et elle lui est tout à fait loyale et entièrement dévouée. Toinette est la servante de la maison d'Argan où elle est plus particulièrement responsable du malade; mais il est évident dès le début qu'elle n'en est pas pour autant son esclave et il n'y a aucun doute quant à ses allégeances: elle n'a d'affection que pour Angélique. C'est pour cela qu'elle se donne la fonction de protectrice de sa maîtresse—en se désignant comme sa suivante, car Marianne en a bien besoin. On peut donc, à partir de cette réalité théâtrale correspondante, comparer l'utilisation du rôle dramatique de Dorine avec