Tout plaisirs est-il bon a prendre
Tout plaisir est-il bon à prendre ?
[INTRODUCTION] Si l’on part de la définition de la notion de plaisir, il apparaît clairement qu’elle ne peut être dissociée de l’idée de bon. En effet, tout plaisir fait du bien, c’est ce qui est agréable à la vie, c’est le charme et la grâce de la vie. Or, l’agrément n’est plaisant que parce qu’il nous renforce, il n’est plaisant que parce qu’il augmente notre sentiment de vivre. Voilà pourquoi il est si naturel et si universel que les hommes recherchent le plaisir. Par exemple, quoi de plus naturel que de prendre plaisir à boire quand on a soif ou à manger quand on a faim ? En ce sens précis, on peut dire que tout ce qui fait plaisir, tout plaisir, est bon à prendre, puisqu’il est bon pour la vie. Ainsi, puisque le plaisir est nécessairement bon, pourquoi s’en priver ? Il en va de notre bonheur.
Pourtant, dire que tout plaisir est bon à prendre revient à dire qu’il est bel et bon de prendre n’importe quel plaisir. Or, la multiplicité des plaisirs ne suppose-t-elle pas que tous les
plaisirs ne se valent pas, qu’il y a non seulement une différence de degré entre les plaisirs mais aussi une différence de nature ? Peut-on dire, par exemple, que les plaisirs des sens sont de même intensité que celui qu’il y a à jeter des pierres dans l’eau ? Manifestement non. De plus, certains plaisirs semblent bons mais en réalité ils masquent un mal plus grand. Par exemple, le tabac est, littéralement et paradoxalement, un plaisir nuisible, un plaisir mauvais. Par conséquent il
ne peut se faire que tout plaisir soit bon à prendre puisque la bonne vie réclame que nous les différenciions et que nous les hiérarchisions. Comment est-il possible que le plaisir soit à la fois quelque chose de bon et de mauvais à prendre ?
D’où il s’ensuit clairement le problème suivant : de deux choses l’une ou bien tout plaisir est plaisant et il faut le prendre pour cette raison même ; ou bien l’usage des plaisirs doit être réglé par des valeurs qui