Tout s’en va-t-il avec le temps ?
Introduction :
"Avec le temps, va, tout s’en va", regrette le poète et chanteur Léo Ferré, remarquant que cet écoulement irréversible fait disparaître les sentiments en général, et l’amour en particulier. Mais tout s’en va-t-il avec le temps ? Le temps est effectivement ce qui fait que les choses changent, que tout ce qui est présent s’évanouit dans le passé. Pourtant, le fait que les choses changent me permet également de grandir, de mûrir, de passer de la minorité à la majorité, de me perfectionner, et c’est grâce au temps qu’on peut acquérir des connaissances, de l’expérience et de la sagesse. D’ailleurs, quand on est jeune, on a même tendance à vouloir que le temps passe plus vite. D’une part, donc, "tout s’en va" parce que le temps détruit et emporte tout avec lui. D’autre part, tout arrive, puisque avant de disparaître, un événement se produit dans le temps. Le temps est-il donc destructeur ou constructeur (de la réalité) ?
I. le temps est destructeur :
A. Les choses disparaissent avec le temps
Le temps se définit assez mal comme un "milieu indéfini où paraissent se dérouler irréversiblement les existences dans leur changement" (définition du Robert.). À vrai dire, on ne sait pas bien pourquoi, ni comment, mais le fait est que les choses changent, ou plutôt qu’elles n’existent plus, puisque tout ce qui est présent s’évanouit dans le passé. Et encore, on dit que les choses "passent", comme si elles ne faisaient que se déplacer dans l’espace. On dit "le passé", comme s’il existait encore, quelque part, d’où, peut-être, les fantasmes de machines à remonter le temps qui nous laissent imaginer que le passé est encore présent, dans un "lieu" particulier. Mais comme le remarque saint Augustin dans ses Confessions, "le présent seul existe". Quant au passé et au futur, ils n’existent pas, sinon "dans notre esprit" : le passé n’est rien que le souvenir de ce qui n’existe plus, et le futur, notre attente de ce qui