Transgressions sexuelles dans la poésie d'anne hébert
Avec la réédition des poèmes d’Anne Hébert chez Boréal en 1992 sous le titre Oeuvre poétique 1950–1990, une relecture s’impose aujourd’hui modifiée et éclairée par la parution des grands romans d’Anne Hébert qui baignent tous dans une atmosphère de violence, de sang et de fureur et où se trament de sombres histoires d’inceste et de viol. Relecture qui s’impose aussi par l’intrusion permanente de la poésie dans le roman avec le phénomène quasi-obsessionnel de l’auto-intertextualité analysé par Janet Paterson, tout comme si le roman hébertien n’était au fond qu’une extension, un développement ou une explication possible de la poésie hébertienne. Relecture enfin de vers, qui à l’exception de quelques rares articles d’approche féministe dans la décade des années quatre-vingts,[2] furent analysés dans leur ensemble par une critique d’hommes québécois durant les années soixante et soixante-dix. Cette critique se cantonne dans une interprétation socio-historico-politique (Legrand), mythico-allégorique (Russell) ou structuraliste (Lemieux). Elle met certes en évidence la naissance d’un “je” poétique aliéné puis libéré, porte-parole du Québec étouffant des années quarante et cinquante, mais elle donne