Ulysse from bagdad
Eric Emmanuel Schmitt
Le héros du livre est un Irakien du nom de Saad Saad, nom qui signifie « espoir » en arabe, mais aussi « triste » en anglais. De là cette dualité présente dans tout le roman car, si la tristesse et le découragement prennent souvent le pas à, ce dernier sentiment manifeste aussi sa présence du début à la fin, même si jamais rien n’est acquis, surtout pas avec la « libération » du pays par les Américains. Saad est Irakien, donc. Il est relativement heureux, même si le régime politique de Saddam Hussein fait de la société irakienne un lieu où la peur et, depuis l’embargo international (1991-2003), la faim, sont omniprésentes. Tant que les Irakiens travaillaient et ne manquaient de rien, ils pouvaient fermer les yeux sur les arrestations arbitraires qui sévissaient ici et là. Mais quand le chômage est apparu et, avec lui, la faim et le désespoir, il en fut tout autrement. Ainsi, le premier événement à venir ternir le bonheur de Saad est l’arrestation de son oncle Naguib, emprisonné et torturé sans raison. Ensuite, il perd ses deux beaux-frères dans la guerre d’Iran, ce qui accroît la charge familiale de son père, simple fonctionnaire d’État. Puis Saad perd son neveu et sa nièce, incapable de trouver les médicaments pour les soigner. Et voilà qu’une bombe tombe sur la maison de Leila, sa fiancée, qu’il croit morte, cette Leila qui rêvait de l’Angleterre comme d’autres rêvent au prince charmant. Enfin, le coup de grâce est donné par la mort de son père, tué par erreur par les Américains chargés de les protéger…
Malgré les malheurs qui s’abattent sur sa personne, Saad décide de rester en Irak pour soutenir sa famille… mais bientôt la situation est inversée : c’est sa propre famille qui lui demande de quitter le pays, notamment pour qu’il puisse lui envoyer de l’argent et des médicaments. Alors, après un parcours difficile, Saad réussit à quitter l’Irak pour se rendre en Égypte, son premier pays de destination. Là, il se