UN DRAME DEUX DIMENSIONS
II. UN ABOUTISSEMENT Inspiré à Musset par une scène historique de George Sand (Une conspiration en 1537), Lorenzaccio, chef-d’œuvre du théâtre de Musset, est aussi un aboutissement. S’y concentrent en effet les tourments d’une âme fêlée — dont les Caprices de Marianne (1833) avait déjà donné une traduction théâtrale — et la réflexion amère d’un jeune homme déçu par la politique, l’année même où le poème Rolla (1833) s’ouvrait magistralement sur la fin des mythes et de l’histoire ; enfin, la conception de Lorenzaccio est concomitante d’une réflexion sur le drame moderne qui s’esquisse dans la Coupe et les Lèvres (1832) et s’approfondit en 1833 avec Un mot sur l’art moderne.
III. UNE ÉCRITURE THÉÂTRALE VOLONTAIREMENT EN RUPTURE La dramaturgie complexe de Lorenzaccio est à considérer comme inhérente au propos de l’auteur. Ainsi, la dislocation du temps, la complexité de l’intrigue — le tyrannicide, l’adultère de la marquise Cibo et les velléités conspiratrices de Philippe Strozzi —, les changements de décor à chaque scène traduisent la nécessité de