Un enterrement à ornans
C’est sans illusion que nous découvrons l’authentique visage des habitants dans toute leur laideur exprimant réellement la solennité d’un enterrement banal. On reprochera sans doute à l’artiste la vacuité d’un sujet ni historique, ni religieux, qui ne représente rien pour l’ensemble de la société. Mais le quotidien de ces habitants ne représente-t-il pas le quotidien de chaque homme loin de ses grands desseins? Le devoir de l’artiste n’est pas de peindre une réalité fausse ou embellie par l’orgueil et la vanité d’un homme vulnérable face à sa condition de mortel. Le devoir de l’artiste est de montrer l’homme tel qu’il est dans toute sa platitude; c’est cela que la postérité retiendra.
Ce rappel pessimiste de la fatalité qu’est la mort peut sembler brutal mais reflète l’envie de Courbet de ramener l’homme à la réalité de la vie qui s’écoule et dénoncer l’église qui a pendant tant d’années assuré une vie après la mort sans preuve.
Qui-y a-t’il après la mort? Nul ne le sait. Peu-être le paradis, l’enfer ou encore la réincarnation. Courbet tient à établir que ces options ne sont pas les seules réponses à cette question existentielle. Devant cette peur de l’inconnue, l’homme cherche à faire abstraction et oublier mais la fosse du premier plan, bien qu’elle soit angoissante, est une manière très explicite qui permet à l’artiste de faire passer son message. Seul un immense talent pourrait refléter avec brio ces propos.
D’un autre côté, il est dit dans les Evangiles "lors de l'agonie du Christ, la terre trembla, se fissura et fit jaillir le crâne d'Adam enfoui depuis des millénaires". Courbet a justement représenté