Un piège sans fin
Du XVIe au XIXe siècles, onze millions d’Africains furent déportés en Amérique dans le cadre du commerce triangulaire. Cette traite atlantique, comme toutes les traites négrières, revêt cinq critères que nous avons détaillés dans cet article : existence d’un réseau organisé et d’un fondement idéologique justifiant la traite, différenciation entre lieu de production et lieu d’utilisation des esclaves, persistance de la traite, échange marchand et approbation des entités politiques concernées. Enfin, nous verrons qu’il est n’est pas possible d’attribuer à cette traite tous les malheurs de l'Afrique.
L’esclavage existe depuis l’antiquité. Mais il a revêtu des formes bien différentes. L’une de ces formes fut la traite, c’est-à-dire un commerce de grande ampleur. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons voulu nous focaliser sur l’un des commerces négriers, la traite atlantique, sachant que ce ne fut pas le seul ni le plus important. Il rassemble les cinq critères mis en évidence par Olivier Pétré-Grenouilleau, pour définir la traite, [1] à savoir : 1) la présence d’un ensemble de réseaux organisés et d’un « arsenal idéologique » ; 2) la séparation entre lieux de « production » et lieu d’utilisation des esclaves ; 3) la pérennisation du système par les problèmes démographiques ; 4) l’échange marchand et/ou tributaire ; 5) enfin, l’assentiment d’entités politiques dont les intérêts sont convergents Un réseau d'approvisionnement organisé et une armature idéologique À partir du XVe siècle et de la découverte de nouvelles terres, en particulier des Amériques, et de leur colonisation par les grandes puissances européennes, le commerce d’esclave prend une tout autre ampleur. Entre le XVIe et le milieu du XIXe siècle, onze millions d’Africains sont transportés en Amérique dans le cadre du fameux commerce triangulaire, entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique et dont on décrira le mécanisme plus loin.
Une fois chargés, les