Une étude thématique reposée sur les métaphores : le cas du malentendu d’albert camus
Etant donné le caractère temporel du théâtre qui exige la compréhension directe de ses dialogues pour transmettre les messages, la métaphore, lourde de signification dont elle est chargée, trouve généralement moins de place dans le théâtre qu’ailleurs, dans le roman, la poésie par exemple. Mais c’est bien pour la même raison qu’on a plus d’intérêt, dans une étude thématique, à étudier les métaphores apparues dans une pièce de théâtre, révélatrice des sens que le dramaturge veut accentuer ou des sentiments qu’il cherche à faire partager. J’ai repéré une cinquantaine de métaphores dans le Malentendu, écrit en 1941 par Albert Camus en France occupée. Mes études commencent par l’analyse du thème respectif dégagé des métaphores de chaque personnage, suivies d’une comparaison des thèmes communs aux personnages et terminées par un bref examen des motivations des métaphores.
A* Thèmes des personnages
1. Thèmes relatifs à Martha
a. – l’obscurité
Lorsque Martha évoque la réalité qui l’entoure, une impression de fermeture, de noirceur, de froid, de lourdeur se dégage de ses métaphores. * ces terres sans horizon (p.166)
Une terre sans horizon est d’abord une terre géographiquement close, sombre et sans perspectives d’avenir au sens métaphorique.
* je suis lasse à mourir de cet horizon fermé (p. 199)
Cette fermeture devient étouffante et meurtrière surtout pour une jeune fille de 20 ans comme Martha.
* (née) dans un pays de nuage et non sur une terre de soleil (p.198)
A ce monde clos s’ajoute les nuages, et l’impression de l’obscurité se trouve renforcée grâce à la présence du mot soleil que j’étudierai plus loin.
Pour mieux faire sentir l’obscurité totale, Martha recourt au vocabulaire de sensation :
* ce pays d’ombre (p. 116)
Il s’agit ici de la vue.
*caresses obscures (p.248)
*trop d’années grises ont refroidi peu à peu cette maison (p.195)
Ces deux métaphores font appel au toucher.
*l’aigre printemps de ce