Utopie et illusion
Vaste sujet !
Quelques définitions , éléments philosophiques et précisions sont nécessaires à la restitution de la réflexion menée sur ce sujet.
Dans le langage courant actuel, "utopique" veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Ce terme d'utopie est un néologisme francisé de l'écrivain anglais Thomas More, issu de la racine grecque topos, signifiant lieu, précédée d'un U qui remplace aussi bien le préfixe EU qui veut dire "bien" que le préfixe OU qui donne la "négation". L'utopie est donc "un bon lieu inexistant", c'est une représentation d'une réalité idéale et sans défaut.
Cet homme de lettres s'est inspiré pour son œuvre Utopia des écrits de La République (la constitution d'une cité idéale) de Platon qui fut le premier grand idéaliste de la pensée occidentale , le grand fondateur du concept d'Idée.
Au XVIème siècle, l'utopie est un genre littéraire , plus spécifiquement un genre de l'apologue qui se traduit, dans les écrits, par un régime politique idéal (qui gouvernerait parfaitement les hommes), ou encore une communauté d'individus vivant heureux et en harmonie comme dans l'abbaye de Thélème dans Gargantua de Rabelais en 1534.
Cependant, dès le XVIIe siècle, de nombreux auteurs s'empareront de ce nouveau genre littéraire et en développeront l'aspect romanesque et satirique au détriment du projet politique. C'est ainsi que des œuvres telles que Les voyages de Gulliver (1721) de Jonathan Swift ou L'Île des esclaves de Marivaux en 1725 furent qualifiées en leur temps d'utopies.
Au milieu du XVIIIe siècle devant la menace d'une certaine censure politique ou religieuse , ce qui était un genre littéraire , certes original mais sans grande portée, prend une dimension certaine en devenant un préalable à la publication ; les auteurs situent l'action dans un monde imaginaire, dans un pays lointain et mythique