Voltaire candide incipit
De son vrai nom François Marie Arouet, Voltaire est l’inventeur du conte philosophique au XVIIIe siècle. Ce genre est une sorte d’apologue qui permet au philosophe des Lumières de dénoncer habilement et plaisamment divers abus de la religion, de la philosophie ou de la justice. En 1759, il publie Candide ou l’Optimisme où il retrace le parcours désillusoire du jeune héros éponyme jusqu’à la véritable découverte du bonheur. Dès l’incipit, le lecteur peut percevoir des failles dans le paradis terrestre dans lequel le personnage vit et duquel il sera chassé.
Cela nous amène à nous demander en quoi cet incipit rompt avec les codes traditionnels du genre. Autrement dit, quel est le projet critique de Voltaire à travers cet incipit informel de conte ?
Dans un premier temps nous verrons les différentes caractéristiques de cet incipit de conte a priori traditionnel. Puis, en second lieu, nous étudierons l’ironie voltairienne comme arme polémique contre la noblesse et contre l’optimisme. 1. Un incipit traditionnel ?
Cet extrait liminaire à l’oeuvre possède à première vue les caractéristiques du genre à travers la mise en place d’un décor et la présentation colorée de personnages truculents.
a. Les codes propres à un genre
-Comme tout conte, le lecteur pénètre cet univers fictionnel à travers le tour impersonnel « il y avait » à l’imparfait à la ligne 1. D’entrée, nous savons qu’il s’agit d’un univers merveilleux.
-D’autre part, nous retrouvons une part d’oralité propre à ce genre avec l’intervention du conteur à la première personne « je crois » à la ligne 5. En effet, les contes ont une origine orale et se transmettaient de bouche à oreille ; et c’est entre autre, ce qui distingue ce genre de la nouvelle (transmise par écrit).
-De surcroît, le développement de cet incipit demeure linéaire. Cela est visible dans la mise en page du point de vue typographique. A chaque paragraphe correspond la description d’un personnage (l.1à 12 : Candide,