Voltaire, histoire des voyages de scarmentado écrite par lui-même (1756)
Développement
Premier axe : une scène pittoresque
Voltaire dépayse son lecteur en multipliant les scènes pittoresques, les touches de couleur locale, les éléments documentaires (annonce des arguments de l’axe).
Le cadre exotique de cette aventure tient d’abord à quelques éléments proprement espagnols : les « alguazils », des officiers de police, la « Sainte Hermandad », police secrète de l’Inquisition, les orangers, les citronniers, sont autant de termes qui ont une couleur auditive qui parle d’un ailleurs. L’organisation de la procession est très fidèle à la réalité historique de ce genre de cérémonie : cortège de moines, bourreau, police, condamnés. Les tenues des condamnés sont ici « des sacs » qui sont tout à fait conformes aux gravures dont on peut disposer, peints avec « des diables et flammes ». Les précisions sur les condamnés et le motif de leur condamnation s’inspirent des pratiques de l’époque. L’Espagne comptait un nombre important de juifs et le roi Philippe II intensifia la répression contre eux. Voltaire fait œuvre de témoin. Ses descriptions vont à l’essentiel, sans détails inutiles mais avec une grande précision : « allée d’orangers et de citronniers, une espèce de lice immense entourée de gradins couverts d’étoffes précieuses ». Après avoir dressé le