voyage au bout de la nuit
1/ Une véritable satire
Cet extrait est clairement une satire, dans la mesure où il dénonce l’oppression des Noirs, et plus largement des personnes colonisées. Il vise aussi les complices, même silencieux, de cette oppression.
Il rappelle ainsi le fonctionnement du système colonial, qui fonctionne sur une exploitation maximale des populations qui constituent la force de travail, et qui rétribue de manière injuste ses travailleurs, dans une pâle copie d’un échange commercial.
Céline rappelle à sa façon, par un vocabulaire brutal, la difficile exploitation des matières premières par ces populations, ici le caoutchouc : « « C’est long à suinter le caoutchouc dans les petits godets qu’on accroche au tronc des arbres. Souvent on en a plein un petit verre en deux mois ». Or ce travail pénible n’est pas rémunéré à sa juste valeur, puisque le travailleur noir ne récupère qu’un « grand mouchoir très vert ». On se moque de lui, on le ridiculise, on exploite son travail : voici ce que dénonce l’extrait par la satire. De plus, Céline noircit un peu plus la critique en mettant en scène la manière dont le commerçant usurpe le Noir, en faisant ainsi une critique véritablement politique. C’est, à travers lui, l’ensemble du système d’exploitation de l’être humain qui est dénoncé.
Un point est ajouté, celui de l’existence d’ « intermédiaires » entre les colonisés et les exploitants, qui permettent ainsi de renforcer la position de force de ces derniers.
2/ Mixité des registres et langage
Céline est célèbre pour son utilisation d’un langage populaire et son refus du langage « classique », qu’il voyait comme « une langue morte ».
L’étude du langage du « gratteur », bien que familier, se distingue pourtant ici de la langue de l’auteur. En effet, il pousse au maximum la parodie du langage stéréotypé du colonisateur plein de mépris envers le colonisé : « toi y en a acheté ». Il fait de l’homme noir un enfant et un