voyage autour du monde bougaiville
Le récit, outre les péripéties du voyage, dresse des descriptions détaillées de la colonie espagnole de ce qui deviendra l'Argentine, des populations et des paysages de la Patagonie, de Tahiti, des possessions hollandaises en Asie du Sud Est (la future Indonésie).
Écrit par un homme qui se disait des Lumières, analyste peu lucide des sociétés qu'il décrit, ce récit frappa ses contemporains par son portrait d'une société tahitienne guidée par la quête du plaisir où l'homme est délivré de la tyrannie du travail.
Dans son Supplément au Voyage de Bougainville, Denis Diderot s'appuie sur le récit de Bougainville pour entamer une réflexion sur la morale.
...La polygamie paraît générale chez eux, du moins parmi les principaux. Comme leur seule passion est l'amour, le grand nombre des femmes est le seul luxe des riches.
Les enfants partagent également les soins du père et de la mère. Ce n'est pas l'usage à Tahiti que les hommes, uniquement occupés de la pêche et de la guerre, laissent au sexe le plus faible les travaux pénibles du ménage et de la culture.
Ici une douce oisiveté est le partage des femmes, et le soin de plaire leur plus sérieuse occupation. Je ne saurais assurer si le mariage est un engagement civil ou consacré par la religion, s'il est indissoluble ou sujet au divorce. Quoi qu'il en soit, les femmes doivent à leurs maris une soumission entière: elles laveraient dans leur sang une infidélité commise sans l'aveu de l'époux. Son consentement, il est vrai, n'est pas difficile à obtenir, et la jalousie est ici un sentiment si étranger que le mari est ordinairement le premier à presser sa femme