Zazie dans le metro
Le film et le roman se distinguent d'œuvres moins originales par la manière radicale avec laquelle ils déconstruisent les outils d'expression du cinéma et de la littérature. Il en résulte deux œuvres difficiles à appréhender, qui résistent à la compréhension immédiate. Mais cette déconstruction porte aussi avec elle un humour de tous les instants : les deux œuvres sont avant tout iconoclastes.
1. Queneau, Malle, le cinéma et la littérature : le goût de la déconstruction
En plus de ces quelques jalons historiques, nous renvoyons le lecteur aux quelques éléments de contexte de la fiche n°3 (Réflexivité et référentialité). Si le roman et le film se livrent à pareille entreprise de démontage des codes romanesques et filmiques traditionnels, c'est parce que Raymond Queneau partage, avec les cinéastes phares de la nouvelle vague, une cinéphilie critique ainsi qu'un goût pour les films mineurs ou marginaux venus des États-Unis (westerns de série B, comédies burlesques passées inaperçues, défense de Samuel Fuller), qui sont pour les Jeunes-Turcs des Cahiers du cinéma, le cheval de Troie de la modernité cinématographique en Europe. Ce goût lui vient de l'enfance, lorsqu'il découvrait des serials tels que Fantômas ou Les Vampires de Louis Feuillade, ou La Conquête du pôle. Comme spectateur, Queneau fréquente les ciné-clubs assidûment et forge ainsi sa culture cinématographique, exactement comme le font, à la même époque Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Jacques Rivette. Dès le départ, sa pratique littéraire est donc nourrie de cinéma. Queneau est d'ailleurs loin d'être étranger au monde de la production des films. Les quinze années de genèse de Zazie sont aussi quinze années d'activité dans ce milieu. En 1947, il participe au festival du Film maudit de Biarritz et écrit avec René Clément un scénario intitulé Candide 47. En 1949, on