Zazie dans le métro
On rapprochera Zazie de La vie devant soi, de Romain Gary, avec lequel l’œuvre de Queneau partage une image non-conventionnelle de l’enfance, une vision du Paris interlope, et l’évocation d’une insolite parentalité déléguée. La relation de la filiation de Zazie sera pour nous éducateurs le prétexte d’un dossier pédagogique mêlant les joyeusetés hellènes (petits meurtres familiaux, inceste et tutti quanti) et les coupures de presse scabreuses sur l’affaire d’Outreau. Pour l’analyse du roman et sa place dans l’histoire littéraire, il n’y a rien à ajouter à la brillante étude de Laurent Fourcaut suivie d’extraits de romans contemporains. Il nous reste à appuyer sur les aspects provocateurs — proprement altersexuels —du récit. Cela commence au premier chapitre, où Gabriel s’alterque (pardon pour ce néologisme quenien) avec un type : « probablement celui qu’avait le droit de la grimper légalement » (p. 8). Au chapitre 2, il s’avère que Zazie est « une petite salope » qui « aura eu le temps de mettre la main dans la braguette de tous les vieux gâteux » (p. 20). D’ailleurs si celle-ci veut « être institutrice », c’est « pour faire chier les mômes » ! (p. 22) ; et au café, après un panaché, elle commande « un vrai demi de vraie bière » (p. 51). Queneau s’amuse avec le thème du transvestisme. On relève le néologisme « éonisme » (p. 67), forgé sur le chevalier d’Éon. Extrait intéressant au chapitre 7, avec un dialogue sur le thème « Le tonton est une tata », où l’on apprend que le fait qu’il soit marié ne prouve rien, avec exemple d’Henri Trois (p. 80). Pour Zazie, l’« hormosessualité » signifie « Qu’il se mette du parfum » (p. 87). Jusqu’à la fin elle s’interrogera, sans qu’aucun adulte daigne lui répondre : « Qu’est-ce que c’est au juste qu’une tante ? […] Une pédale ? une lope ? un pédé ? un hormosessuel ? Y a des nuances ? » (p. 131). Voici une citation qui pourrait figurer en exergue du site HomoEdu, pour symboliser les ravages du déficit éducatif en