A - Conclusion du livre de Bernard Meyer : « Maîtriser l’argumentation » - Armand Colin -
1996
Complément professeur
Quelques textes pour enrichir la réfl exion
Ne terminons pas ces quelques pages d’ordre technique sur une dissertation ennuyeuse destinée à analyser les rapports qu’entretiennent l’argumentation et la morale.
Mais nous ne pouvons quitter le lecteur sans esquisser un problème. Nous avons vu dès la première partie que l’argumentation était liée à la notion de liberté, liberté de penser, d’exprimer sa pensée, de contredire la pensée d’autrui. Mais convaincre, c’est bien chercher à imposer son avis à quelqu’un. D’une certaine façon, n’est-ce pas nier sa liberté ?
L’argumentation est-elle manipulation ?
Il peut être tentant de répondre par l’affi rmative à cette question. D’ailleurs, si ce livre existe, c’est qu’existent des moyens d’organiser sa pensée (chapitre 3) et que ces techniques sont, disons-le, destinées à faire pression sur autrui.
Cette accusation peut être d’autant plus acceptable pour certaines stratégies étudiées au chapitre « Les principaux types de plans » et qui paraissent conçues pour piéger le destinataire. Il nous semble cependant qu’un certain nombre d’arguments, de poids infi niment supérieur, peuvent balayer cette présomption de manipulation.
- Tout d’abord, l’existence même de ce livre peut être vecteur de liberté. Si, en effet, l’on y apprend comment argumenter (disons provisoirement « manipuler »), on y apprend aussi comment se défendre, comment réfuter les arguments (chapitre « Réfuter une thèse »). Par ailleurs, connaître des techniques signifi e pouvoir les utiliser, mais aussi pouvoir les détecter chez autrui, donc être moins vulnérable. - Ensuite, l’argumentation est, selon nous, un ensemble de techniques ; or, par défi nition, une technique est neutre, ni positive, ni négative. Elle peut bien entendu être utilisée positivement ou négativement, mais cela en fonction des intentions du