L'environnement financier de l'entreprise
Jacques CHEVALLIER
Professeur à l’Université Paris II Panthéon-Assas Directeur du CERSA-CNRS
La « gouvernance » est devenue depuis les années 1990 le mot-clé, le mot fétiche, censé condenser et résumer à lui seul l’ensemble des transformations qui affectent l’exercice du pouvoir dans les sociétés contemporaines : promue à tous les niveaux et dans les organisations sociales de toute nature, la logique de la gouvernance affecterait en tout premier lieu l’État, en remettant en cause ses modes d’emprise sociale et, au-delà, les assises de son institution ; la substitution aux techniques classiques de « gouvernement » des méthodes nouvelles de « gouvernance » serait indissociable d’un ébranlement plus profond d’un modèle étatique, emblématique de la modernité 1. On ne compte plus dès lors les travaux mettant la gouvernance au centre de leurs analyses relatives à l’évolution du rôle de l’État 2. Par-delà les équivoques que recèle le vocable, et qu’il convient d’exposer au préalable, il n’en est pas moins susceptible d’éclairer certaines des mutations que connaît actuellement l’État.
LA GOUVERNANCE, UNE NOTION POLYSÉMIQUE
Une prise de distance critique par rapport au thème de la gouvernance est à première vue indispensable : l’usage immodéré du vocable, utilisé comme argument d’autorité, en ramenant les transformations qui affectent l’État à une grille unique d’explication tend à
1. Chevallier (J.), L’État post-moderne, Paris, LGDJ (Coll. « Droit et Société »), n° 35, 2003. 2. Depuis le classique Rosenau (J.-N.), Czempiel (E.-O.) (eds), Governance witloof Government. Order and Change in World Politics, Cambridge University Press, 1992. Voir parmi une littérature immense, Kooiman (J.) (ed.), Modern Governance, Sage, 1993 ; March (J.) et Olsen (J.), Democratic Governance, 1995 ; Peters (G.), Savoie (D.) (dir.), Les nouveaux défis de la gouvernance, Presses de l’Université Laval, 1995 ; Reinicke (W.-H.), Global Public