L'islam face à l'occident : un heurt des civilisations?
L’Islam face a l’Occident: un heurt des civilisations?
ROMAIN YAKEMTCHOUK
L’UNITÉ
ET LES DIVISIONS DE L’ISLAM CONTEMPORAIN
Réparti sur un vaste espace tricontinental, l’Islam est un important facteur de la politique internationale et contrairement à d’autres cultes en nette régression, la communauté musulmane des croyants poursuit son expansion: début 2000, quelque 1,3 milliard de la population mondiale adhérait à la religion islamique, soit 19,5% contre 13% il y a cent ans. La démographie musulmane est en hausse. Il y a actuellement en France plus de 4 millions d’arabo-musulmans, soit près de 7% de la population: les mariages mixtes se sont multipliés, et il y a eu des conversions, pour ne citer que celles du chorégraphe Maurice Béjart, de l’ex-rédacteur en chef de l’«Humanité» Roger Garaudy ou de l’océanographe Jacques Cousteau. Fondée en 1969, l’Organisation de la conférence islamique qui compte 57 Etats membres, a proposé sa conception d’un nouvel ordre politique mondial. Il n’y a pourtant pas d’unité politique de la communauté islamique laquelle recouvre une grande diversité de situations ethno-culturelles: l’Islam arabe, turc, pakistanais, iranien, indonésien, noir africain. C’est déjà peu après la mort du Prophète Mahomet en 632, que l’Islam s’est fractionné. L’orthodoxie islamique est représentée par les sunnites, près de 90% des musulmans du monde: en Egypte, en Algérie, en Tunisie, en Syrie, en Libye, au Soudan, en Turquie, en Indonésie; ils sont majoritaires en Afghanistan et minoritaires en Irak. Pour les sunnites, les trois villes saintes de l’Islam sont La Mecque, Médine et Jérusalem. De l’orthodoxie islamique est issu au XVIIIe siècle le fondamentalisme puritain wahhabite, érigé dès 1912 en religion officielle de l’Arabie saoudite. Les chiites qui contestent la ligne successorale de Mahomet – près de 9% de l’Islam – dominent en Iran, au Bahreïn et en Irak, sont minoritaires en Afghanistan, au Liban et au Pakistan; ils se sont