L'optimisme dans candide
D. Candide ou l’optimisme
1. Introduction
En 1736, Voltaire avait écrit Le mondain, un poème qui vantait les progrès et la civilisation du XVIIIe siècle. « Le paradis terrestre est où je suis », affirmait-il alors, pleinement heureux à Cirey, intellectuellement et affectivement, avec Mme du Châtelet. Vingt ans plus tard, Emilie décédée, revenu en catastrophe de Postdam et ses relations avec le roi Frédéric II au plus froid, Voltaire est exilé, persona non grata à la cour, persécuté par ses ennemis. Depuis son domaine des Délices, à Genève, il s’informe des drames de la guerre de Sept ans entre la France et la Prusse ainsi que du terrible tremblement de terre de Lisbonne. Son « optimisme » est, en quelque sorte, éteint.
Avec Candide (1759), Voltaire nous invite à réfléchir sur la vie et ses aléas, sur l’homme et ce qui l’anime, sur les valeurs qui nous font vivre. Pour donner un sens à son existence, l'homme doit garder l’espoir. La vie malgré tous ses maux vaut la peine d'être vécue. Mais ce conte, Voltaire n’apporte pas qu’une leçon de sagesse : il y dénonce, avec virulence et passion, l'injustice et l'intolérance et tous ceux qui les pratiquent. Car si tout, au début de Candide, laisse penser qu'il s'agit d'un conte divertissant, on s'aperçoit rapidement qu'en réalité le roman est dénonciateur et veut transmettre un message philosophique. La critique qu'il contient est sévère et atteint de nombreuses cibles. Il y a d'abord la philosophie de l' « optimisme » (cf. le sous-titre du conte), puis certaines institutions, la religion, l'intolérance et la superstition, les préjugés. Le domaine visé est large. Cette critique rejoint celle que mènent certains autres philosophes (en particulier Montesquieu : Lettres persanes, Esprit des lois).
Le problème de l'existence du Mal est au coeur des préoccupations philosophiques de Voltaire. Les principales thèses en présence au XVIIIe siècle sont l' « optimisme » et le « pessimisme ». Le débat sur le Mal porte sur