L'anarchisme
Enrico Ferri
Le mouvement social, syndical et politique, qui s’est constitué à la seconde moitié du XIXème siècle à travers l’Association internationale des travailleurs, sous l’impulsion de Michel Bakounine, se réclamait de manière polémique, mais aussi positive, de l’anarchisme. C’est-à-dire d’un principe qui nie toute vision du monde, toute forme d’organisation sociale, tout type de relation interpersonnelle fondés sur le principe d’autorité.
Ce fut Pierre-Joseph Proudhon qui le premier formula une théorie que nous pouvons définir anarchiste. Elle avait pour base des principes tels que l’autonomie individuelle, la liberté, l’égalité, l’auto-administration, le fédéralisme et la solidarité. Proudhon fut de même le premier à donner par la formule « principe d’autorité », la synthèse théorique et historique de la réalité fondée sur la hiérarchie, l’intimidation et l’inégalité, auxquelles il fallait s’opposer et qu’il fallait renverser.
Dans la Science moderne et l’Anarchie, Kropotkine fait remonter plus loin encore, à William Godwin et à son œuvre fondamentale, Enquête sur la justice politique de 1793, la première théorie organique des principes et des fins politiques et économiques de l’anarchie. Rappelons tout de suite que tant Godwin que Proudhon, bien que fort critiques à l’égard de tout type d’autorité qui s’impose d’en haut et de manière coercitive sur l’individu et sur la société, sont non seulement en faveur de la justice, mais maintiennent que seule une société fondée sur la liberté et l’égalité pourra la réaliser de manière intégrale.
Il est de même significatif que leurs œuvres principales, Enquiry Concerning of Political Justice (Enquête sur la justice politique) et De la justice dans la Révolution et dans l’Église se réclament d’une notion positive du droit et de la justice.
Pour comprendre la philosophie juridique de l’anarchisme théorique il faut analyser et