L'art et la philosophie
On nous demande ici d'examiner quels sont les rapports entre deux notions qui appartiennent toutes deux au domaine de l'activité de l'homme, à savoir, l'art et la philosophie.
Spontanément, nous sommes portés à faire la différence entre ce qui relève de l'art et ce qui relève de la philosophie : en effet, nous avons un rapport différent envers les oeuvres de la philosophie et celles relevant de l'art. Nous sommes en effet portés à dire que les oeuvres de la philosophie nous communiquent un certain savoir, et sont essentiellement intellectuelles, c'est-à-dire, nécessitent un effort intellectuel, et s'adressent à notre entendement ou à notre raison : bref, ici, nous sommes essentiellement dans l'abstrait. Au contraire, nous sommes portés à dire que les oeuvres de l'art sont là essentiellement pour agrémenter notre existence, et qu'elles s'adressent à notre sensibilité : l'art relèverait essentiellement du sensible et apporterait un plaisir.
Ainsi, au premier abord, trouvera-t-on étrange que les deux notions d'art et de philosophie soient, dans notre intitulé, reliées par la conjonction de coordination "et" : en effet, cela ne présupposerait-il pas qu'il est légitime de les mettre côte à côte et de les interroger ensemble, comme si elles avaient des points communs ou comme si leurs existences respectives pouvaient être amenées à se croiser?
Mais si nous nous éloignons de l'attitude du sens commun pour envisager ce que nous disent quant à eux les philosophes sur les rapports entre la philosophie et l'art, on ne peut que faire un constat : tantôt les philosophes ont prôné le remplacement de l'art par la philosophie, tantôt l'abolition de la philosophie au profit de l'art (ou la réalisation de la philosophie dans l'art).
Le lecteur philosophe comprend donc bien l'intérêt, et la légitimité, de l'intitulé du sujet : il interroge la philosophie, et lui demande de fournir ses titres de créance quant à ce qu'elle