L'art me ment
Le Gilles de Watteau, de blanc vétu, debout, en attente
L’art-illeur, non rieur, en sombre, debout, en attente
Instant d’avant ou d’après…
Instant suspendu de l’attente de quoi, de qui ?
Le costume est de guerre. Ils sont là, futur peloton d’exécution ou futurs fusillés…
Tout peut basculer dans une fraction de seconde.
Le destin de chacun est fragile dans les mains des puissants.
Qui décidera du sort de chacun ?La guerre a cette intemporalité, comme toutes les guerres décidées dans les hauts bureaux, sans que nous y puissions quelque chose.
La fragilité de nos existences prend du poids face aux questionnements abscons des faiseurs d’Art. Ou est le mensonge ? Ou est l’Art ?
Je voudrai vous parler d’Art.
Mais, à la télévision, depuis déjà longtemps, des images terribles nous parviennent. L’horreur est filmée en direct. Des images inlassablement repassées, commentées, disséquées et mises en boucle pour nous imprégner de ces tragédies contemporaines. Il y a les ripostes armées, et les ripostes de ripostes armées qui ripostent à leur tour...
Cris de silences, qui se perdent entre ces lignes.
Je voudrai vous parler d’Art.
Et cela me semble soudain dérisoire. A quoi ça sert ? Peut-on encore y penser ?
Peut-on encore s’occuper de questions de formes et de fonds dans ces instants là ? Où aller ?
Y a –t- il un art de la violence ? La violence est –elle aussi une expression d’Art ?
Y aurait-il eu des mots à la mesure de ce qui se passe ? Les tragédies peuvent-elles être racontées ? Montrées ?Et comment ?
Par un poème ? Une élégie , ce « chant de deuil » du grec elegein : dire hé! hélas!
J’accroche à ce monde des émotions profondes, des rêves…Et le monde brûle.
Je me sens ridicule de m’accrocher à des oriflammes artistiques qui se transforment en oripeaux. Je suis là confortablement à vous parler d’attente et de destin.
Je ne peux rien faire et j’ai le ventre plein.
Et je ne peux rien faire… Et le monde