L'art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?
On considère souvent que l’art doit représenter la réalité le plus fidèlement possible. Ceux qui s’initient à l’art veulent admirer avant tout la maîtrise de l’artiste à représenter le monde visible et recherchent des tableaux qui « ont l’air vrai ». Cependant comme l’écrivait Rodin : « L’art […] est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre ». Certes l’art est une spécificité humaine dont la principale finalité est le Beau, mais c’est aussi un moyen, non pas d’imiter la réalité, mais de la représenter. L’art ne serait-il donc qu’un moyen d’imiter la réalité ? Ou au contraire ne permettrait-il pas de changer notre regard sur la réalité, soit en la recréant, soit en la dévoilant ?
Dans l’Antiquité Platon pensait que l’art n’était qu’imitation. Pourtant cette conception de l’art n’est pas aussi réductive qu’elle peut paraître. Par la reproduction, les œuvres d’art transmettent des informations au spectateur. D’une certaine manière, elles peuvent aussi donner une image embellie de la réalité. Dans la République, Platon expose une thèse selon laquelle le monde serait divisé en deux : le monde Sensible et le monde Intelligible. Le Beau appartient au monde Intelligible, il est universel, c’est-à-dire qu’il ne reconnaît pas l’influence de la culture. L’idée du Beau est une réalité immatérielle, éternelle et immuable, située au niveau le plus haut de la connaissance. Cependant, pour Platon, l’œuvre d’art ne fait pas partie de l’idée du Beau, au contraire elle est située au niveau le plus bas de la connaissance. En effet, Platon réduit l’art à la fonction de « mimesis », le peintre ne fait qu’imiter la réalité, l’œuvre d’art est une copie de copie. Prenons l’exemple d’un lit peint par un artiste. Le lit est la copie du lit fabriqué par l’artisan, lui aussi situé dans le monde Sensible mais à un niveau supérieur de connaissance. Ce même lit de l’artisan est lui-même la copie