L'autorité
Extrait d' Olivier Reboul, Philosophie de l'Education (PUF, Que sais-je ?, ed.1997 pp. 69sais6977)
refus radical de toute autorité. Et nous ne pouvons esquiver le problème : l'autorité éducative est-elle légitime? Si oui, comment la fonder? Si non, par quoi remplacer... l'éducation ? Les Figures de l'autorité
définissent à partir de ce qui les rend légitimes. La première, la plus rationnelle de toutes, est celle du contrat, où chacune des parties est liée par son propre consentement. C'est l'autorité de la règle sur les joueurs, celle du projet sur ceux qui l'ont conçu et accepté, de l'institution démocratique. L'enfreindre signifie fraude ou tricherie. La seconde est celle de l'expert, de l'homme dont on suit l'avis sans même le comprendre parce qu'on reconnaît sa compétence, parce qu'il "fait autorité" en la matière. Elle ne s'exprime pas par des ordres ou des verdicts, mais par des avis, des ordonnances médicales, des rapports, toujours par des conseils. L'enfreindre n'est pas une fraude mais une imprudence. La troisième, encore moins rationnelle, est celle de l'arbitre, qu'on trouve dans le sport, mais aussi chez le juge. Elle tranche un conflit par une décision que
l'arbitre n'a pas toujours à justifier, puisqu'il est d'avance justifié à la donner. On estime en effet qu'il vaut mieux un verdict même arbitraire qui mette fin au conflit qu'un conflit sans fin. Ce qu'on requiert de l'arbitre est donc moins des connaissances que l'indépendance envers les parties. Ici l'infraction signifie désobéissance. La quatrième, l'autorité du modèle, est d'un tout autre ordre. A l'encontre des précédentes, elle est durable; son fondement n'est pas une nécessité d'occasion, mais le prestige qui rayonne du modèle et l'admiration qu'il suscite. Le modèle peut être un personnage historique, un artiste, une vedette du sport ou de la chanson, etc. Ici l'infraction apparaît comme de l'inculture. La cinquième, l'autorité du leader, est encore moins