L'avare de molière
Evaluation de l’itinéraire sur L’Avare
Durée : 2 heures
Extrait : Acte V, scène 3
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25 Harpagon Approche, viens confesser l’action la plus noire, l’attentat le plus horrible qui jamais ait été commis.
Valère Que voulez-vous, monsieur ?
Harpagon Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ?
Valère De quel crime voulez-vous donc parler ?
Harpagon De quel crime je veux parler, infâme ? comme si tu ne savais pas ce que je veux dire ! C’est en vain que tu prétendrais de le déguiser : l’affaire est découverte, et l’on vient de m’apprendre tout. Comment abuser ainsi de ma bonté, et s’introduire exprès chez moi pour me trahir, pour me jouer un tour de cette nature ?
Valère Monsieur, puisqu’on vous a découvert tout, je ne veux point chercher de détours et vous nier la chose.
Maître Jacques à part. Oh ! oh ! Aurais-je deviné sans y penser ?
Valère C’était mon dessein de vous en parler, et je voulais attendre, pour cela, des conjonctures favorables ; mais puisqu’il est ainsi, je vous conjure de ne vous point fâcher, et de vouloir entendre mes raisons.
Harpagon Et quelles belles raisons peux-tu me donner, voleur infâme ?
Valère Ah ! Monsieur, je n’ai pas mérité ces noms. Il est vrai que j’ai commis une offense envers vous ; mais, après tout, ma faute est pardonnable.
Harpagon Comment ! pardonnable ? Un guet-apens, un assassinat de la sorte ?
Valère De grâce, ne vous mettez point en colère. Quand vous m’aurez ouï, vous verrez que le mal n’est pas si grand que vous le faites.
Harpagon Le mal n’est pas si grand que je le fais ! Quoi ! mon sang, mes entrailles, pendard !
Valère Votre sang, Monsieur, n’est pas tombé dans de mauvaises mains. Je suis d’une condition à ne lui point faire de tort ; et il n’y a rien, en tout ceci, que je ne puisse bien réparer.
Harpagon C’est bien mon intention, et que tu me restitues ce que tu m’as ravi.
Valère Votre honneur,