L'entreprise gagnée par le sport
Par Vendeuil Richard de, publié le 10/02/1994
Parachutisme, kendo, varappe... Rien de tel que l'effort pour rendre aux cadres l'esprit d'équipe et le goût des performances. En voici quelques exemples. Sabre au clair, harnaché dans son armure, il conclut son attaque au front du cri rituel, le «kime». Sur le parquet, le maître fait face, esquive. Suivant. Au deuxième jour de l'atelier de kendo, Philippe Delorme, ceinture noire 4e dan, a déjà tous ses repères. Il a décrypté la vitesse de déplacement de chacun des stagiaires - un paramètre pour juger de la confiance en soi - repéré ceux qui ne savent pas respirer. «Maîtriser son souffle, avoir la posture juste, dominer son stress sont autant d'attitudes qui améliorent les performances de négociateur», plaide Delorme.
Avec le kendo, les arts martiaux font des courbettes au management. Ils ne sont pas les seuls. Un peu partout dans l'Hexagone, cadres et dirigeants découvrent les vertus du sport appliqué à la gestion d'entreprise. Ce sont les commerciaux de 3 M à l'écoute de Jean-Claude Perrin, l'entraîneur des perchistes français, qui a aussi préparé l'équipe nationale de tennis victorieuse de la coupe Davis. Ou encore les managers de Bolloré Technologies initiés au parachutisme et aux astuces du voile-contact, cette discipline qui enchaîne les figures en vol. Planant? «En observant comment l'on répète les consignes au sol, chacun voit bien à quel point une carence individuelle peut mettre en danger le collectif, observe Jean-Luc Sadik, de Transfert performance sportive, l'organisateur de ces formations. Une façon d'améliorer la cohésion des équipes, de gérer les risques.»
Même chez les banquiers, où l'on est traditionnellement plutôt à cheval sur la hiérarchie, les choses bougent. Pour bien s'ancrer dans leur nouveau rôle d'animateurs de réseau, directeurs commerciaux et responsables d'agence du Crédit du Nord se transforment en capitaines d'équipe. Pas seulement un changement