Les plus anciennes langues parvenues tardivement jusqu’à nous grâce à l’écriture sont à peu près contemporains du IVè ou Vè millénaire. Pour remonter au-delà, nous n’avons que le témoignage aléatoire des légendes conservées par des textes sacrés, ceux des peuples de la récitation et des religions du livre, l’Inde, Israël et l’Islam. La parole y est présentée comme une révélation divine à laquelle le rythme et intimement lié car c’est ce rythme qui a transmis aux hommes la vie dont ils sont une manifestation, toute forme étant due à la répétition d’un même geste.
Une tradition islamique nous rapporte qu’au Paradis Adam parlait en vers, dans une langue rythmée qui avait été jusque-là le privilège des dieux, des anges et de leur symboles évangéliques « les oiseaux ». Le rythme commande l’exécution de tout travail. Il le rend plus facile en transférant l’effort qu’il réclame à la charge de l’inconscient et de l’habitude, grâce à l’accord d’une respiration scandée par les chants. Ceux-ci se sont développés en même temps que les différentes techniques artisanales, notamment grâce à une codification précise des gestes exigés pour la réussite d’un chef-d’œuvre et par la connaissance d’un « tour de maman » apte à assurer l’accomplissement d’une tâche difficile, sous peine d’accident ou de malfaçon.
Ce sont les plus anciennes techniques, celles du vannier, du potier, du tisserand, du forgeron, qui ont permis le développement du langage. Le vocabulaire de toute langue et originellement artisanale puisque à travers les gestes et même les mots, on peut découvrir les gestes disparus d’antiques artisans. Ils ont su distinguer des modes d’activité différents dont les métaphores grossières servent aujourd’hui à exprimer les plus subtiles nuances de la pensée.
Une langue est composée de mots remplissant différentes fonctions que les anciens grammairiens appelaient « parties du discours ». Comme le dit Humboldt, les pronoms ont été les éléments les plus précocement isolés, le