L'expérience
INTRODUCTION
Paul Valéry, poète français du début du Xxème siècle, décrit l'expérience du monde par le poète comme le fait de recueillir la présence du monde visible comme invisible. Ainsi, il invite à se présenter avec humilité devant le mystère et appelle à l'étonnement devant le monde. Pour le poète, l'expérience du monde est donc personnelle et requiert une certaine attention aux choses et au monde. En ce sens, l'expérience serait la réception passive des données du monde qui se présentent à nous. Toutefois cette position n'est pas un regard universel sur l'expérience. De fait, l'expérience varie en fonction du domaine où elle est pratiquée. Si pour le poète il s'agit de se laisser surprendre par le monde, le scientifique, lui, provoque le phénomène qu'il veut étudier. Il est dans l'expérimentation. Mais nous pouvons aussi nous placer sous le regard de l'enfant qui fait l'expérience de tout et ouvre ses sens à l'inconnu. Il apparaît donc que l'expérience que nous avons du monde est variable et contrastée. Aussi, à travers cette expérience nous cherchons à atteindre la vérité, c'est-à-dire l'adéquation entre notre pensée et le réel. Dès lors, comment atteindre une vérité qui tend à l'universalité quand l'expérience qui nous y conduit ne l'est pas ? En ce sens, nous pouvons nous demander si toutes les expériences se valent dans la recherche de la vérité.
Nous pouvons alors distinguer trois formes d'expériences qui peuvent conduire à la vérité : nous pouvons faire l'expérience du réel en intuionnant le monde pour y trouver une vérité ; mais le réel qui est intuitionné est limité à ce qui est donné à nos sens et dans la recherche de la vérité certains privilégieront l'expérimentation. Cependant, si toutes ces expériences peuvent conduire à une certaine vérité, elles ne mènent pas nécessairement à une vérité de l'être. En ce sens, la vérité qui conduit l'homme vers le bien est peut être à chercher dans l'expérience esthétique ou éthique.