L'histoire de l'hôpital public français
A - L’HERITAGE DES LIEUX ET DES TRADITIONS : L’HEBERGEMENT DES INDIGENTS
S’il ne fait actuellement aucun doute pour chacun que l’hôpital est avant tout destiné aux personnes malades, qui s’y rendent pour être soignés, il n’en a pas toujours été ainsi. L’hôpital tel que nous le connaissons aujourd’hui a en effet évolué au fil des siècles depuis sa création, en fonction à la fois de l’évolution des besoins de la population et de leur prise en compte en termes de priorités politiques.
Les hôpitaux, appelés également hospices ou « maisons hospitalières », sont une création religieuse de l’Occident chrétien, sur le modèle du « Grenier de Bonté », l’un des tous premiers hospices construit en Cappadoce au milieu du IVème siècle. Etymologiquement, le mot « hôpital » vient du latin « hostis », l’étranger, qu’il soit ami ou ennemi. Les premiers hospices apparaissent au VIème siècle à Reims, Arles et Lyon pour accueillir les pèlerins.
Le concile d’Orléans donne en 549 aux hôpitaux, en application du principe de la charité chrétienne, la mission de « recueillir » les pèlerins, et les indigents, de les nourrir et d’en prendre soin, à défaut de pouvoir les soigner. Il confère en outre aux biens hospitaliers un caractère inaliénable, dans le but notamment de garantir une partie de leur autofinancement.
A cette époque, l’histoire de l’hôpital évolue, de façon parfois erratique, dans une triple direction : celle du champ religieux et de la charité vers le champ laïc de l’assistance universelle, celle du pouvoir local vers le pouvoir national, et celle de l’hébergement vers le soin.
À partir du Moyen-Age, la dimension et la nature du champ hospitalier vont être profondément modifiées, en raison d’une très forte expansion démographique. En effet, la population française a été multipliée par trois entre l’an 1000 et 1300, sans que la production agricole puisse augmenter au même rythme et dans des conditions d’hygiène d’autant plus propices au