L'histoire
Il est dans l’essence de l’homme de parler. Seul l’homme est capable d’inventer des signes, de les utiliser intentionnellement et de les comprendre intellectuellement. Outre sa fonction magique, créatrice, le langage sert également et peut-être prioritairement à agir sur autrui. Le langage et la pensée sont indissociablement liés.
1. Le problème du langage animal
A. L’homme, un être qui parle
Pour Bergson, l’homme se définit d’abord comme homo faber. Mais pour un linguiste il est fondamentalement homo loquens, c’est à dire homme de parole. L’homme est donc avant tout un être qui parle. Du coup la question de l’origine des langues, débattue par les philosophes du XVIIIe soulève les mêmes difficultés que l’origine de la pensée rationnelle.
L’idée d’un premier homme se mettant à parler et rompant par son verbe le silence primitif est sans aucun doute une fiction. L’origine des langues se confond avec celle de l’homme. On ne saurait imaginer une société humaine sans langage qui un jour se serait mise à parler, pas plus qu’on ne peut imaginer des individus isolés qui un jour se seraient groupés.
B. Les abeilles ont-elles un langage ?
Tout le monde sait bien que les animaux émettent des signaux par lesquels ils échangent des informations, tout comme les humains. Un autrichien, Karl von Frisch (XXe s.), a montré dans Vie et mœurs des abeilles (1965) que l’abeille peut signaler à ses congénères la direction et la distance d’une source de nourriture par des danses dont la direction et la vitesse varient. Mais s’agit-il bien là d’un langage ?
C. Spécificité du langage humain
D’abord le « message » des abeilles est biologiquement déterminé, inné dans l’espèce, et les informations transmises sont limités à l’expression de quelques situations bien déterminés. Ensuite il n’y a pas de dialogue chez l’abeille : à un message celles-ci répondent par une conduite, jamais par un autre message. Enfin, le message des abeilles ne se laisse pas