L'humanisme français
En effet si la Renaissance renouvelle l’idée selon laquelle l’homme se conçoit lui-même, cette conception évolue fortement selon les lieux et les moments, de l’humanisme florentin du XVe siècle aux Essais de Montaigne. C’est que l’horizon culturel s’est considérablement élargi. Le monde s’est ouvert à de nouveaux continents, un nouveau système économique, le capitalisme, est en train de naître, la Réforme remet en cause le dogmatisme catholique. Confronté à ce tourbillon de nouveautés, l’humanisme ne peut plus rester une attitude intellectuelle ou idéologique. Il va devenir lui-même quête du sens nouveau à donner aux événements, interrogation perpétuelle au sujet des troubles qui pourraient ébranler sa foi dans l’homme, « animal politique » selon Aristote.
Le premier sens chronologiquement a désigné ces lettrés qui ont consacré leurs énergies à l’étude et à l’enseignement des « humanités », c’est-à-dire de la grammaire et surtout de la rhétorique latine et grecque. La chute de l’empire romain d’Orient a conduit ces érudits à venir chercher refuge en Italie, elle a aussi permis le développement de l’humanisme au sens de l’étude des textes de l’Antiquité gréco-latine, première activité de ces savants.
Le second sens désigne le courant culturel, philosophique et politique qui a découlé de cette fréquentation des auteurs anciens et de leur confrontation avec des écrits plus modernes ou provenant d’autres courants de pensée. Cette deuxième acception définit un regroupement de qualités intellectuelles, sociales, affectives, propres à la « nature humaine ». L’humanisme conçu alors comme une ouverture au monde contemporain, une approche encyclopédique, une remise en question générale de la tradition devient un courant de pensée idéaliste et optimiste qui met l’Homme au centre du monde. L’humaniste devient le défenseur et le promoteur de toutes ces valeurs humaines capables de régénérer la vieille humanité déchue dans la barbarie pour avoir