C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet -dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. » Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste. Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture. Mais, en même temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature. Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions. » En effet, l'interdiction de l'inceste, en empêchant la toute-puissance du désir de se fixer sur la mère, oblige l'enfant a sortir de son infantilisme et à tourner son désir vers d'autres objets. Et par là même de devenir un homme. On le voit l'interdit peut donc être à la fois un obstacle pour le désir (interdit de l'inceste) et un encouragement pour le désir (possibilité de désirer d'autres femmes) * Il en est de même sur le plan social et politique, une société dans laquelle aucun interdit ne viendrait contrer le désir ne serait plus une société, on retomberait l'état de nature décrit par Hobbes comme un état de guerre de tous contre tous: « Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun. » (Le Léviathan) * D' aprés Freud, la socialisation et la créativité culturelle et artistique sont possibles parce qu'une partie de la libido est détournée de son but primitivement sexuel et sublimée vers d'autres buts