L'orient
Mais les peuples de cette région du monde que nous avons l’habitude d’appeler Proche-Orient sont, eux, bien vivants. Leur présence et leurs aspirations nous interpellent sous des formes parfois brutales et désagréables, face auxquelles nous sommes tentés de puiser à l’arsenal des vieux clichés. L’accumulation de notre imaginaire oriental, en effet, a fini par former un faisceau d’images complémentaires et contradictoires qui expliquent en partie les difficultés que nous éprouvons devant l’Islam et, de façon plus générale, devant les autres cultures.
À travers l’étude des fonctions successives qu’a remplies l’Orient imaginaire au cours des diverses étapes de la pensée politique occidentale, ce livre interroge les fondements de la connaissance de l’autre. L’autre est un détour pour revenir à soi, et l’usage qu’on en fait reste forcément ethnocentrique. Encore faut-il en prendre conscience : l’ethnocentrisme n’est pas une simple myopie dont on puisse se défaire, c’est la condition même de notre regard sur le monde. Comprendre cela constitue de nos jours un préalable nécessaire à tout échange de significations entre cultures. En ce sens, ce livre ne s’adresse pas seulement aux spécialistes mais à toute personne désireuse de s’interroger sur la place de l’Occident dans le monde et sur la relation de soi à l’autre, qui ne se laisse jamais réduire à un simple lien de domination ou de subordination, quelle que soit l’inégalité du rapport de forces.
Table des matières
I. La frontière mythique
1. L’appropriation du passé – 2. La filière hellénique – 3. La nostalgie de l’unité romaine – 4. La guerre de la succession romaine – 5. Le mythe de la