L'ouverture à la concurrence du service extérieur des pompes funèbres et les exigences du service public.
« Toute civilisation est hantée, visiblement ou invisiblement, par ce qu’elle pense de la mort » écrivait André Malraux dans ses « Antimémoires ».
Les pratiques funéraires constituent l’un des signes les plus manifestes de l’idée qu’une civilisation se fait de l’être humain, de la vie, de la mort et, d’une certaine façon, d’elle-même. Elles ne sauraient donc relever d’un marché comme les autres. Aussi ont-elles longtemps fait l’objet d’un monopole. Les origines de celui-ci remontent assez loin dans le temps. Mais s’il est aisé de se rendre compte de ce qu’une organisation du service funéraire existait déjà chez les Egyptiens, les Grecs et les Romains, ainsi qu’en témoignent les traces de tombeaux et de rites, l’origine de ce service en France est à situer plus récemment : sombres présages et funestes augures que ceux annoncés par cette année de 1348 ! Qui l’eût prédit en effet, qu’en cette année du règne de Philippe VI de Valois et alors que, déjà éprouvée par les débuts d’une guerre qui devait encore durer plus de cent ans, la moitié de la population de Paris devrait perdre la vie des ravages de la Grande Peste, et, réduite ainsi à des cadavres jonchant les rues, se dessinerait ainsi sous les yeux des contemporains le plus macabre des spectacles, dans ce qui fût décrit par la postérité comme l’un des évènements les plus terribles de l’histoire de l’Europe ?
Ce fut l’Église, seule structure sociale organisée alors en mesure de le faire, qui prit en charge ce service funéraire. Plus que d'une fonction religieuse, c’était déjà d'un service public qu'il s'agissait et c’est de là que date le fameux monopole. Jusqu’en 1800, celui-ci sera exclusivement dévolu à l'Église puis, après la Révolution qui l'attribuera aux collectivités locales, le monopole de fait de l'Église sera rétabli par le Concordat, toujours en vigueur dans les départements de l'Est.