L'âme du vin baudlaire
Analyse linéaire
Strophe 1 :
Début narratif comme pour un conte. L’imparfait narratif plante un décor adéquat : le soir (moment propice pour boire), le chant (très souvent accompagnateur des buveurs) et les bouteilles, récipients indispensables pour voir le précieux liquide et le verser dans des verres pour le boire. La parole et l’esprit sont donnés au vin, mieux encore, le voilà doué d’une âme : il aime son buveur - " cher " - et il le juge " déshérité ", (la perte d’un héritage est-elle la cause du besoin de s’enivrer ?). Libéré de sa " prison " que représente la bouteille, il " pousse ", à la manière des bons vivants " un chant " à boire. " Cires vermeilles " et " lumière " d’une part et " fraternité " d’autre part instaurent une tonalité de sincérité fraternelle et de franche clarté qui dominera le poème.
Strophe 2 :
Le vin ainsi personnifié, se fait intelligent et savant : il est conscient de la difficulté de planter et d’entretenir une vigne. Mais son savoir est bienveillant : il veut remercier les hommes de tous leurs efforts, il se veut responsable et bienfaisant. Il impose sa présence personnifiée dans un registre moral, intensifiant cette bonne conscience par une négation moralisatrice : " je ne serai point ingrat ni malfaisant ", contrastant ainsi avec le registre de l’effort proprement physique du viticulteur (" de peine, de sueur "). Le modal " il faut " rétablit l’équilibre de l’échange moralisateur des services rendus. Est-ce un tour du poète pour se faire pardonner de l’objectif ultime des actions évoquées à savoir le plaisir de l’ivresse ?
Strophe 3 :
Le savant moralisateur que le vin personnifie devient homme doué de sensibilité et de sentiments. La vie " chaude " et la mort froide comme les " froids caveaux " s’opposent dans un agencement d’images où les organes concernés de l’" homme usé ", son " gosier ", sa " poitrine ", mettent en valeur la présence spirituelle de ce vin doué de parole, de mouvements et de