L'écriture autobiographique peut elle être une évasion ?
Anaïs Nin pouvait-elle vraiment s’évader comme elle le prétend malgré la vie par procuration qu’elle vivait grâce à l’écriture de son journal intime ? Cette question essentielle sur l’écriture autobiographique soulève un débat sur son rôle. La pratique de l’écriture du moi peut-elle créer une certaine évasion pour un écrivain ? Dans une première partie nous étudierons certains arguments montrant que l’écriture autobiographique conduirait à une évasion. Puis dans un second temps nous étudierons les limites de cette évasion.
Tout d’abord l’écriture autobiographique procure une évasion. Cette évasion peut être exprimée et réalisée de manière assez différentes. Ecrire un journal permet à l’écrivain de s’évader. Il y retrace sa vie et la remodèle à sa façon. Cette évasion lui permet de vivre sa vie comme un rêve, en citant que les moments qu’il choisit (les plus palpitants, attrayant pour lui). C’ est le cas de Anaïs Nin. Dans son Journal elle utilise une gradation à valeur métaphorique en rapport avec la drogue : « le journal est mon kif, mon haschisch, ma pipe d’opium ». Cette métaphore illustre à merveille le sentiment d’évasion qu’éprouve l’auteur de ce journal à revivre sa vie. Lorsque une personne est confronté à un problème, se livrer dans un journal lui permet de s’évader dans le futur. Dans L’Herbe bleue (dont les sources restent assez douteuses et confuses) l’auteur toxicomane se projette dans un avenir meilleur. L’écriture autobiographique peut également permettre à un auteur de sortir de ses conditions de vie. Après avoir tiré sur Raimbaud, Verlaine emprisonné écrit un poème sur sa vie derrière les barreaux : « Le ciel est par dessus le toit ». Son imaginaire décrit : « l’arbre au dessus du toit », et la « cloche » de manière précise alors qu’il n’évoque pas le lieu où il écrit : une cellule sans doute glauque et humide. L’écriture du moi permet à un homme de revenir longtemps après sur