L'écriture celinienne
L'écriture célinienne constitue la personnification ultime d'un vécu dans sa forme la plus " économique " du monde, sans artifice et sans concessions. Céline dit et affirme en ne se souciant que d'une chose : l'effet de son imaginaire sur le réel et sa transposition dans un style unique, avec une langue lumineuse.
Admettons-le, le réel n'est jamais facile à assumer pour quiconque n'aime pas la voir en face, surtout en littérature.. Alors, Céline l'écrivain du désespoir? Assurément! Mais peut-il y avoir véritable écriture sans passion et sans désespoir? Céline seule la passion peut contrer le désespoir et l'acte d'écrire en est l'outil privilégié. Céline incarne la désillusion de l'homme envers le réel avec une puissance de feu incroyable, il transforme l'horreur et la dérision en une incommensurable tendresse pour ses semblables et les exemples en polluent toute son oeuvre.
Céline écrit avec la fureur de la sensibilité qui l'habite et qu'il a peine à assumer. Il voudrait voir éclore au plus profond de la nature humaine les mêmes émotions qu'il ressent par rapport à la vie. Il connaît l'hypocrisie humaine, ses institutions et sa capacité à détruire tout ce qu'il touche, ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous. Céline a cherché et a découvert le pire, il décrit la face cachée de l'humanité comme personne ne l'avait fait auparavant. Il agit en désespoir de cause au nom d'une mémoire collective défaillante.
" Mort à crédit " est un hymne à la naïveté et à la dureté. À Céline est l'écrivain du refus et dénonce tout ce qui étouffe sa sensibilité d'homme. Pour lui, le monde est un mensonge; le monde est condamné et condamnable, il n'y a rien d'autres à en tirer sinon la force de l'écriture, la fuite droit devant et la provocation continue.
Dans " Féerie pour une autre fois " Céline plonge plus à fond dans le délire de la guerre, mais cette fois en tant que " victime civile " du déferlement. Une nuit de bombardement sur Paris lui