l'écriture de Henri Michaux fait parler le silence des peintures d'aliénés dans le poème de Les Ravagés.
La parole poétique est à la fois le dire sans parler, lieu de passage et de silence qu'il met en scène avec l’exploitation des ressources phonétiques qui met à l’épreuve le langage. C'est une écriture instable qui refuse le figé et qui relance perpétuellement le mouvement.
La peinture projette sur le papier une vie immédiate qui est au plus profond de l’intime. C'est cette vie immédiate que Michaux retranscrit. En accord avec le pictural, le texte poétique ne s’embarrasse pas non plus du respect de la ressemblance, il ne recrée pas d'image, de l'amour, de la souffrance ou d’un tempérament mais il l’exprime. C'est une écriture de l’affect.
Dans Les Ravagés, Michaux veut prêter une voix à ceux qui n'en n'ont plus. Voix qui passera d'abord par la peinture de ces aliénés, puis, par la parole du poète. Comment Michaux parvient-il a donner une voix à ces fous, parias de la société que personne ne veut entendre ? Ce poème est tel une voix, non pas d'outre-tombe, mais « d'outre-humain », qui traverse, transperce les intérieurs mouvementés de ces aliénés pour parvenir jusqu'à celui qui a encore sa qualité d'homme et qui se croit à l'abri des remous de la folie. L'écriture de Michaux, est et retranscrit cette voix mise en marge.
La peinture comme reflet de l'Homme
Il est important de d'abord situé le propos de Henri Michaux. Le poète nous parle, nous raconte les peintures mais il parle avant tout d'êtres humains à travers celles-ci. Tout comme dans la vie de peintre de Michaux, le peinture sert de dévoilement intérieur. Elle est un recours à une expressivité autre que celle des mots. Mais bien plus que ça, elle est un remède aux mots de la société et aux maux des aliénés. « Pages venues en considérant des peintures aliénés, hommes et femmes [...]