Le titre de l’ouvrage parle du sens d’une affirmation qui à l’heure actuelle est un paradoxe : l’économie selon Amartya Sen est une science morale. Que sous-entend la dimension de science morale ? C’est depuis un livre écrit à partir de deux thématiques que l’auteur développe son argumentation.
Les deux thématiques développées dans l’ouvrage sont les suivantes :
La première thématique propose et théorise la prédominance de la liberté individuelle comme élément instituant et constituant du choix social. Les individus sont vus comme des «êtres dotés de capacités» ou pour paraphraser l’auteur «dotés de capabilités». Ce néologisme de «capabilités» est à prendre en compte comme un indicateur et un critère pour évaluer la société.
La seconde thématique met en perspective la nécessité d’une pensée éthique fondée sur la discussion afin d’articuler les éléments de la finance et ses intérêts avec la question nécessaire des dépenses sociales.
1. «La liberté individuelle, une responsabilité sociale»
L’auteur développe une argumentation pour montrer qu’il est nécessaire de considérer la liberté individuelle comme une responsabilité sociale. Il affirme que cette conception est plus acceptable que celles dites «classiques». L’auteur établit une différenciation entre liberté individuelle (positive) et liberté collective (négative). La première de ces libertés, la liberté individuelle est vue comme «ce qu’un individu dans tous les cas de figures est en capacité ou non d’accomplir». La liberté négative, elle, est celle relative à l’absence de contraintes à la liberté. Selon Amartya Sen, l’une et l’autre doivent s’articuler afin de pouvoir faire société. Pour illustrer cela, il s’appuie sur un exemple de l’assassinat d’un musulman, d’un travailleur journalier, Kader Mian.
Sen poursuit son développement sur les obstacles à la liberté. Il en est ainsi de ce qu’il nomme tradition utilitariste. Cette tradition est fondée sur le fait que «l’essentiel n’est pas dans la liberté