Les scènes d’incivisme ne se comptent plus. L’espace urbain est vicié chaque jour par des comportements pour le moins scandaleux, où l’ego prime. Les valeurs civiques et de citoyenneté, qui doivent préserver cet espace de cette pollution, sont en perte de vitesse. Les Marocains sont-ils devenus à ce point discourtois, impolis, intolérants, perturbateurs de l’ordre, insolents, bagarreurs, agressifs, impatients et dépourvus de tout savoir-vivre ? C’est le moins que l’on puisse dire. «L’incivisme n’est pas récent, analyse le sociologue Ahmed Al Moutamassik. Mais force est de constater qu’il prend maintenant des proportions inquiétantes, dans le quotidien des gens». Et d’ajouter qu’il n’est pas l’apanage du «petit peuple», mais qu’«il existe aussi sur le plan institutionnel». Puisqu’il ne s’agit pas toujours d’un délit (quoique nombre d’incivilités peuvent être une infraction à la loi et provoquent de plus en plus d’insécurité), l’acte incivil est difficilement quantifiable, échappant ainsi à l’appareil statistique des services de police. Les rares enquêtes que le pays a connues sur ce sujet ne laissent cependant pas l’ombre d’un doute. En mars 2009, AFAK, l’Association marocaine pour le civisme et le développement, a révélé les résultats d’un sondage mené auprès de 980 personnes dans 14 villes, toutes catégories socioprofessionnelles confondues. 66,32% des sondés ont considéré que le phénomène de l’incivisme a progressé de façon importante ; 72% étaient d’accord pour affirmer que l’environnement connaît une dégradation visible. Et 53% parmi les sondés ont affirmé que le Maroc vit une progression du fanatisme et de l’intolérance, sans parler du phénomène de l’insécurité dont 61% des personnes interrogées estiment qu’il croît sans cesse.
Quand la victime se transforme en accusée, le fauteur de troubles en accusateur
Des scènes d’un certain genre sont devenues familières. On voit des gens uriner en pleine rue. Il est vrai que la ville manque terriblement de