L ISOMORPHISME INSTITUTIONNEL EST
Fonctionnement et enjeux du secteur associatif français
Lou DAVID-BROCHEN
Introduction : L’isomorphisme institutionnel doit être défini comme une « tendance », un processus : théorisé par Di Maggio et Powell en 1983 (The Iron Cage), le concept analyse la convergence progressive de comportements d’organisations institutionnalisées inscrites dans un même champ organisationnel (une même aire de la vie institutionnelle). En rationalité limitée, confrontées à des conditions environnementales similaires, ces organisations tendent à s’adapter à ce contexte en suivant un processus d’homogénéisation de leur structure, de leur produit et de leur culture : elles convergent vers un modèle organisationnel et institutionnel commun. Appliquer ce concept clé de l’analyse néo-institutionnaliste au secteur associatif, c’est d’abord étudier en quoi les associations tendent à se ressembler entre elles, puis à ressembler à toute autre organisation de leur champ d’activité ; mais c’est aussi analyser les caractéristiques et implications de ce modèle nouveau vers lequel elles convergent. Cette analyse sera centrée sur l’isomorphisme subi par les associations dites « d’action sociale », définies par J. Afchain comme « celles qui dans le cadre de la loi de 1901, développe un projet d’intervention sociale solidaire, anime et gère des équipements sociaux, éducatifs ou médico-sociaux de façon professionnelle et militante » : en opposition aux associations qui ont prioritairement un rôle de revendication ou d’expression, elles produisent des services marchands ou non marchands visant à répondre à des besoins sociaux, ce qui les rend plus susceptibles d’être influencées par un processus d’isomorphisme.
Pour la plupart des auteurs ayant constaté et étudié cette tendance forte du secteur associatif ces vingt dernières années, l’isomorphisme institutionnel tend à dénaturer le modèle original de ces associations, parce qu’il se traduit