L'OPPOSITION A L'EURO Il y a toujours eu des opposants à l'euro parmi les politiques comme parmi les économistes, en particulier en Allemagne et en France ; en Allemagne par crainte de ne pas pouvoir retrouver la stabilité et la solidité du mark, en France par crainte de perdre l'instrument du taux de change comme mesure de politique économique. Dans les petits pays à économie très ouverte du nord, comme les Pays-Bas ou la Finlande, des oppositions existent aussi mais elles se sont généralement manifestées plus tard, essentiellement par rapport au comportement des pays du sud. En Belgique et au Luxembourg, on peut dire qu'il existe globalement un consensus pro-euro dans la classe politique, à part quelques cercles altermondialistes. Les populations se sont révélées, dans l'ensemble, plutôt réservées à l'égard de l'euro mais cela dépend très fort des clivages socio-culturels. Les hausses de prix lui ont été attribuées à tort et la crise a révélé l'existence de certaines tensions de type nationaliste. Il faut cependant bien distinguer deux aspects dans cette problématique que les contradicteurs de l'euro ont tendance à mêler et qui sont pourtant d'ordre différent : 1) une question est de savoir s'il fallait réaliser l'UEM et l'euro. C'est le problème, d'un côté, du coût du passage à l'euro, y compris la perte d'une certaine souveraineté monétaire et surtout d'une certaine identité monétaire, de l'autre côté, du coût du non-euro avec le maintien des frais de change et de trésorerie et des modifications de parités; 2) une autre question est de savoir s'il faut maintenant abandonner l'UEM et l'euro alors que celui-ci a été mis en place. C'est le problème, d'un côté, du coût du maintien de l'euro en termes économiques et sociaux, de l'autre, du coût, économique, social et politique d'un retour en arrière vers les monnaies nationales. Ce sont des problématiques très différentes, l'une de construction d'un nouveau monde monétaire, l'autre de la destruction de ce monde.