L’accession de goodluck jonathan à la présidence par intérim: compromis et enjeux politiques au sein de l’état rentier du nigéria
Le 9 février 2010, les deux chambres de l’Assemblée Nationale de la République Fédérale du Nigeria votaient le transfert du pouvoir exécutif au Vice-président Goodluck Jonathan, qui endossait ainsi les fonctions de président par intérim jusqu’au retour du président Umaru Musa Yar’ Adua.
Ce vote faisait suite à une crise politique d’une durée de trois mois, en raison de l’hospitalisation prolongée du président Yar’ Adua à l’étranger, et de l’incertitude concernant son état de santé. Pendant plusieurs semaines, dans un contexte politique inquiétant, l’absence du président Yar’ Adua a donné une impression de paralysie du pouvoir exécutif. Cette situation aurait pu aboutir sur à déstabilisation du pays et un coup d’état militaire. Pourtant, c’est la nomination de G. Jonathan à la présidence par intérim qui est intervenue, solution respectant en apparence le cadre institutionnel.
Si le contexte a joué un rôle important dans cette nomination, c’est le consensus au sein des élites au pouvoir qui a rendu possible la solution institutionnelle. En effet, dans le cadre d’un état rentier frappé par la « malédiction des ressources premières », l’enjeu principal pour ces élites est le maintien du « système » de gouvernement, qui permet d’accaparer la plus grande partie des revenus pétroliers et gaziers du pays, au détriment de la majeure partie d’une population vivant dans un état de grande pauvreté et de sous-développement, alors que le pays est riche.
L’accession au pouvoir du Vice-président Goodluck Jonanthan
• Le mandat de Yar’ Adua marqué par la maladie dès le début
Issu d’une puissante et influente famille Foulani du Nord, frère d’un ancien vice-président, ancien gouverneur du Katsina (état du Nord du Nigeria), Yar’ Adua est le candidat que le président Olusegun Obasanjo avait du se résoudre à sélectionner comme candidat à sa succession, au