« L’attachement est fabricateur d’illusions, et quiconque veut le réel doit être détaché. »
Depuis des siècles, les hommes ont noué des liens, fraternisé, se sont témoignés de l’amitié, attachés à leurs croyances et à leurs traditions. Chaque jour, cela les a aidé à construire leur vie. Cependant, l’attachement fausse la réalité de l’être humain. Pour ne pas se laisser tromper par ses illusions, l’homme doit prendre de la distance comme le remarque Simone Weil, philosophe du début du 20ème siècle: « L’attachement est fabricateur d’illusions, et quiconque veut le réel doit être détaché. » Par son affirmation, Simone Weil lie l’attachement aux rêves, aux illusions et le détachement à la réalité, au concret. Les sentiments unissant une personne à ce qui l’entoure et à ce qu’elle affectionne produisent un manque de discernement et de la tromperie. La distance, l’éloignement, le détachement seraient les moyens de combattre cet aveuglement et de percevoir l’authentique. Afin de saisir la pensée de Simone Weil, nous pouvons tout d’abord nous demander comment l’attachement arrive-t-il à fabriquer une réalité voilée ? Puis, quels sont les moyens de voir ce qui est authentique ? Et enfin, pourquoi est-il nécessaire à l’homme de se fabriquer des illusions ?
Le sentiment unissant une personne à ce qu’elle affectionne apparaît dans plusieurs domaines et sous plusieurs formes. Tout être humain est relié de gré ou de force à sa famille. Ses frères, ses sœurs, ses parents et ses grands-parents lui sont chers. Prenons l’exemple d’un petit enfant. Très tôt, ce chérubin sera attaché à ses parents, mieux encore il les érigera en héros, les défendra et les croira sans aucune objection. En contrepartie, ses parents, le protégeront, l’éduqueront et lui feront découvrir la vie. Peut-on cependant affirmer que cet attachement familial fabrique des illusions ? Dans un monde favorisé, l’enfant est dans les premières années de sa vie protégé par ses parents. Il voit et comprend