L’engagement et le tiers-intervenant : de l’implication à la co-production des savoirs
Introduction
Quand cette contribution m’a été demandée, une question m’a traversée : quelles sont mes défenses pour démontrer à moi est aux autres que ma pratique en tant que tiersintervenante dans différents instituts médico-socio-éducatifs ne tient pas de l’expert ? Je suis donc souvent confrontée à la question de l’engagement et/ou de l’implication mais aussi de la distanciation dans l’action et plus particulièrement quand cette action émane d’une commande sociale. Suis-je une intervenante engagée, qui risque d’être prise comme une experte ? Usé-je de ma prétendue position pour acquérir du pouvoir ?
Ainsi ma réflexion commence par un constat : l’intervenant-tiers, quand il est pris (ou se prend ?) pour un expert, se trouve confronté à des questions d’engagement et de distanciation. Une position politique raisonnée consisterait à être vigilant face au risque d’un abus du pouvoir.
Dans les sciences (et plus particulièrement les sciences sociales) le débat autour de la demande sociale est récurrent, on serait tenté de dire classique.
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Le savant doit-il s’impliquer ?
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Doit-il se préserver de la demande sociale ?
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L’ « intellectuel engagé » est-il un genre d’intellectuel, ou cette expression est-elle un pléonasme ?
L’orientation proposée dans ce texte est la suivante :
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Dans le contexte post-moderne, l’intellectuel ne peut que s’engager, il est acteur parmi d’autres, producteur du social.
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La posture de l’intellectuel consiste à faciliter les connexions. Il favorise une éthique du lien.
Afin de préciser ma proposition, j’aborderai quelques aspects historiques sur l’engagement ou l’implication du savant dans la société, dans le politique.
1. L’intellectuel, pour ou contre la demande sociale ?
Pour une certaine sociologie, la méfiance du chercheur vis-à-vis de toute commande est forte, qu’elle vienne du pouvoir politique ou