L’histoire et les historiens en Europe au XIXe siècle
Si le 19e siècle est le siècle de la révolution industrielle et des mutations politiques et sociales, c’est aussi le siècle de l’histoire. Il a fallut attendre la philosophie des Lumières au 18e siècle puis la création d’institutions comme les archives nationales en 1808 pour voir l’histoire devenir un domaine d’étude qui n’est plus rattaché à la littérature. Mais l’histoire ne devient pas seulement une science rationnelle, elle est aussi un moyen de mettre la nation en avant.
Ces remarques préliminaires nous amènent à poser le problème suivant : comment le 19e siècle a-t-il fait de l’histoire une science ?
Il est d’abord important de noter que le 19e siècle a changé la conception que les hommes se faisaient de l’histoire. Ensuite, nous verrons que l’histoire est une science sociale et humaine mais qu’elle se rapproche parfois des sciences naturelles. Nous aborderons enfin le problème de l’historicisme et du positivisme.
Dans cette première partie, nous allons analyser la conception de l’histoire au 19e siècle, en tant que science humaine et sociale.
Le 19e siècle a vu la naissance de nombreuses sciences sociales comme la science politique et la sociologie. Il a donc fallu définir l’histoire pour que celle-ci puisse être réellement reconnu comme une science à part. Car jusqu’à la seconde moitié du 18e siècle, l’histoire était considérée comme une sous-branche de la littérature et chaque écrivain y allait de son apport personnel à l’histoire. Cette définition nous vient de Fustel de Coulanges (1830-1889) : « l’histoire est la science des hommes en société dans le temps ». Cette définition a été reprise et complétée par Marc Bloch (1886-1944). D’après cette définition, la science historique étudie en premier lieu les hommes, sous tous leurs aspects : leurs valeurs, leurs croyances, leurs mentalités, d’où l’intérêt de les étudier en société, dans leurs structures sociales. Ces structures