Cent mille milliards de poèmes

par

La virtuosité poétique

A/ La forme contraignante du sonnet

 

         Queneau part donc de la contrainte “échangiste” pour écrire son recueil. Mais il fait plus encore : il utilise la forme traditionnelle du sonnet, utilisée et normée depuis le XVIème siècle en France, pour combiner à la première contrainte une autre, métrique. Ainsi, il doit fondre ses dix poèmes en deux quatrains et deux tercets, chacun composé de rimes différentes, les quatrains étant faits de deux rimes embrassées et les tercets de deux rimes plates et d’une même rime sur le dernier vers. À cette première règle s’ajoute celle du fond, qui veut que le dernier vers soit un envoi regroupant le sens et le propos de tout le sonnet.

 

« On a bu du pinard à toutes les époques

Les Indes ont assez sans ça de pendeloques

Si l’Europe le veut l’Europe ou son destin. »(« Poème III »)

 

B/ Les abîmes vertigineux du recueil

 

         Ainsi, Queneau réussit ici le tour de force de produire une œuvre presque infinie, que jamais un lecteur ne pourra lire en entier : ce recueil se distingue donc des autres à la fois par sa concision – seulement dix poèmes sont pré

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