Doux Cheveux Ronsard

douloureuse idée lui revenait, s’emparait de lui, lui emplissait la tête de gendarmes, de bourreaux et de foule, lui expliquait heure par heure les dernières souffrances du misérable agonisant, – en ce moment on le confesse, en ce moment on lui coupe les cheveux, en ce moment on lui lie les mains, – le sommait, lui pauvre poëte, de dire tout cela à la société, qui fait ses affaires pendant que cette chose monstrueuse s’accomplit, le pressait, le poussait, le secouait, lui arrachait ses vers de l’esprit, s’il

on lit: "Ah! Dieu l'art est long et notre vie est courte" (cf. Br. Juden, Traditions orphiques et tendances mystiques dans le romantisme français (1800-1855), Klincksieck, 1971, p. 261). 188. Manuscrit: "Mainte fleur épanche en secret / Son parfum doux comme un regret". On rapprochera ces tercets d'une remarque du Salon de 1859: "La fleur oubliée ou ignorée ajoute à son parfum naturel le parfum paradoxal de son obscurité [...]" (Pl. II, p. 629). 189. Ce titre pourrait trahir l'influence de Nerval

maturité de l’esprit et de la raison, tandis que la poésie, qui relève de l’imagination et des sens, qui s’abandonne aux formes corporelles, nous ramène à l’enfance. C’est de là que vient le stéréotype péjoratif du poète considéré comme un rêveur, un doux illuminé, un fou. Cependant, le divorce entre poésie et pensée n’est peut être pas irrémédiable : la poésie peut se mettre au service de la pensée en véhiculant les acquis du savoir. Quand elle se mêle intimement à la vie quotidienne en accompagnant

du sens, du Moyen Âge à nos jours PROBLEMATIQUE : L’écriture poétique peut-elle réparer le non-sens ? [pic] S1 LE DEUIL D’ORPHÉE - TEXTE 1 Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose Pierre de Ronsard, Second livre des Amours, IV, 1578 Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose En sa belle jeunesse, en sa première fleur Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose

1862 Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent

augmenté l’amas par une digue, afin de rendre sa planche nécessaire. Les pieds mal chaussés de la fille quittèrent ses souliers, le bas de ses jupes fût trempé ; l’eau qui en dégouttait, en marchant, lui gelait les jambes. Je ne suis pas cruel ; je suis doux, bénin, mais très irascible. J’avoue que je rossai l’Auvergnat, aux risques de l’être ; que ses camarades accoururent, et que sans la garde, j’aurais été embarrassé ! RESTIF DE LA BRETONNE, « 200e nuit », Les Nuits de Paris

emplissait la tête de gendarmes, de bourreaux et de foule, lui expliquait heure par heure 3 Le dernier jour d’un condamné Chapitre les dernières souffrances du misérable agonisant, — en ce moment on le confesse, en ce moment on lui coupe les cheveux, en ce moment on lui lie les mains, — le sommait, lui pauvre poëte, de dire tout cela à la société, qui fait ses affaires pendant que cee chose monstrueuse s’accomplit, le pressait, le poussait, le secouait, lui arrachait ses vers de l’esprit, s’il

idée lui revenait, s'emparait de lui, lui emplissait la tête de gendarmes, de bourreaux et de foule, lui expliquait heure par heure les dernières souffrances du misérable agonisant, — en ce moment on le confesse, en ce moment on lui coupe les cheveux, en ce moment on lui lie les mains, — le sommait, lui pauvre poète, de dire tout cela à la société, qui fait ses affaires pendant que cette chose monstrueuse s'accomplit, le pressait, le poussait, le secouait, lui arrachait ses vers de l'esprit

aimer au monde quelque chose : Celui qui n'aime point, celui-là se propose Une vie d'un Scythe5, et ses jours veut passer Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure. Hé, qu'est-il rien de plus doux sans Vénus6? Las! à l'heure Que je n'aimerai point puissé-je trépasser! Pierre de Ronsard, «Amours de Marie », in Continuation des Amours, VII, 1555. 1. Envers. 2. Pratiquer. 3. Le cou. 4. Pourtant. 5. Barbare. 6. Déesse de l'amour. • Expliquez

encor de modèle. Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté ; Et de son tour heureux imitez la clarté. 5 10 15 20 25 30 1 VILLON (1431 ?-1463) : poète de la fin du Moyen Âge. 2 MAROT (1496-1544) : poète de la Renaissance. 3 RONSARD (1524-1585) : surnommé le « prince des poètes », un des auteurs les plus importants du 16e s. 4 Faste pédantesque : manière d’écrire prétentieuse. 5 DESPORTES (1546-1606) et BERTAUT (1552-1611) : poètes baroques français. 6 MALHERBE (1555-1628) :