La Horde sauvage

infini d’hommes, non seulement obéir, mais ramper, non pas être gouvernés, mais tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur vie même qui soient à eux ? Souffrir les rapines, les brigandages, les cruautés, non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; non Mirmidon *(* Dans l’original on trouve Hommeau, que les annotateurs ont traduit par Hommet, Hommelet : petit homme. J’ai cru pouvoir mettre

interpellé par ailleurs par l’actualité tragique de son pays et par le terrorisme d’Etat sioniste qui ensanglante la Palestine. Dib rattrapé par le boomerang de l’histoire immédiate et incandescente de l’Algérie, on le rencontre dans La Nuit sauvage (1995) où les mots cisaillent et ferraillent pour signifier la violence qui «ensauvage», ou dans le 12ème chapitre de l’essai intitulé Le Retour d’Abraham (participant de L’Arbre à dires) et dans lequel l’auteur, pour donner à comprendre le surgissement

par son cœur, mais par les autorités sociales. Le raisonnement freudien est simple. Tout d’abord, les êtres humains agissent spontanément en fonction de leurs impulsions, de leurs désirs, de leurs appétits. De ce point de vue, l’enfant est un petit sauvage. Mais la conséquence de cette sauvagerie universelle est bien entendu la guerre universelle. Freud reprend les thèses anthropologiques de Hobbes. Or, pour éviter cette guerre et donc pour contraindre les individus à se réfréner, à se maîtriser, les

Dieu réel et éternel détruira et anéantira ». Ces bains de sang et cette duplicité - que l'on observe de Christophe Colomb à Cortés, de Pizarro aux Puritains - étaient­ ils réellement nécessaires pour permettre à l'humanité de passer de l'état sauvage à la civilisation ? Morison a-t-il eu raison d'évoquer, en passant, l'histoire du génocide dans son histoire plus large du progrès humain ? On peut, bien sûr, répondre à ces questions par l'affirmative - un peu comme Staline le fit à propos des paysans

ses soldats Ŕ il est également suicidaire, juste un peu « impatient » de prendre une balle. Et les volontés homicides et les pulsions suicidaires du colonel ne sont pas un fait d’exception. C’est tout le régiment que le narrateur désigne comme une « horde de fous vicieux devenus incapables d’autre chose […] que de tuer et d’être étripés sans savoir pourquoi. »45 Les militaires supérieurs sont aux yeux de Bardamu particulièrement responsables : tel capitaine envoie ses soldats dans des missions si risquées

le conduirez à l'usine, et là vous transformerez sa force en mouvement, en chaleur, en électricité. Si cette comparaison ne vous semble pas suffisante, nous assimilerons l'imagination (la folle du logis, comme on s'est plu à l'appeler) à un cheval sauvage qui n'a ni guides, ni rênes. Que peut faire le cavalier qui le monte, sinon se laisser aller où il plaît au cheval de le conduire ? Et, souvent alors, si ce dernier s'emporte, c'est dans le fossé que s'arrête sa course. Que le cavalier vienne à mettre

superstitions, les superstitions politiques prendront racine. Une conscience dans laquelle vit l'idée que la chute d'une salière amène infailliblement un malheur, est proche parente de la conscience du sauvage qui croit aux présages et aux amulettes; elle accueille d'autres idées semblables à celles du sauvage. Ces gens-là ne croiront peut-être ni aux fétiches ni aux idoles et s'étonneront même qu'il y ait des êtres assez crédules pour adorer des dieux façonnés de leurs propres mains ; mais le même sentiment

aplanir les différends dans son propre milieu  ? Comment préparer les cadres de ses fonctionnaires, de ses policiers, de ses savants, de son clergé ? Comment organiser l'enseignement, de telle sorte que la classe ouvrière ne devienne pas une classe de sauvages, qui abîment les machines, mais qu'elle reste soumise à ses exploiteurs  ? etc. Voilà pourquoi la bourgeoisie a besoin d'une science sociale qui puisse l'aider à se reconnaître dans la complexité de la vie sociale et lui fournir les moyens

individuels, de même qu'on s'est demandé s'il y a des oeuvres de génie qui ne soient pas une oeuvre collective. Analysez l'état du malfaiteur le plus farouche et le plus solitaire, au moment de son action ; ou aussi bien l'état d'âme de l'inventeur le plus sauvage, à l'heure de sa découverte ; et retranchezen tout ce qui, dans la formation de cet état fiévreux, revient à des influences d'éducation, de camaraderie, d'apprentissage, d'accidents biographiques ; qu'en restera-t-il ? Bien peu de chose ; quelque

qui attestent une singulière imprécision des moyens d’expression. Albert Dauzat a remarqué que le manque de fixité des sens s’observe surtout dans les parlers francoprovençaux.[1] Les patois confondent des plantes différentes ou de petits animaux sauvages, insectes, etc., mais le même mot ne sert jamais indifféremment, avec une légère différence de terminaison, à la pomme et à la poire, ou aux petits pois et aux haricots. Au contraire, en argot français, lansquiner signifie à la fois «pleuvoir» et